Textes écrits durant la séance du 26/11/2023.

Consigne 1 : Tout est poésie : transforme le banal en littérature.
Ce matin, sur ma petite table, c’était le bordel. Y avait la tisane de la veille qui avait laissé traîner ses tasses et la théière. Mais y avait aussi le cendrier plein et des bouteilles de bière. La bouteille de vin par terre, allongée mais heureusement rebouchée, les verres qui en gardaient les résidus. Des miettes de chips dans les assiettes vides. Ça aurait pu être chiant. Mais nan. Cette petite table ronde en bordel, avec son pied mal fixé, c’était la poésie d’une soirée belle. C’était trois amies qui se retrouvent, qui se tiennent chaud pour se dire que la fête n’est pas finie. C’est la table d’une chambre qui est la mienne alors tant pis si tout n’est pas nickel. Parce que c’est beau cette petite table ronde qui sert à tout, devant ce canapé recouvert des tissus qui m’ont servi de rideaux, où ne vient plus le chien qui se colle au radiateur pour se faire cuire le dos. C’est ma poésie du quotidien banal mais qui veut dire beaucoup. C’est des objets simples qu’on a posé là. Comme moi. C’est la vie qui s’anime derrière ces murs qui donne les rimes et le rythme de ces lendemains, tous les jours.
Consigne 2 : Qu’est-ce qui dans ton quotidien te paraît banal, mais est complètement exceptionnel ? (incipit ou scène d’ouverture)
Dans une salle à part au MOBHotel, le zoom s’arrête sur une des personnes venues se réunir pour écire. Pull vert, pantalon blanc, stylo plume : Lou. Cet atelier d’écriture, c’est son idée. Lou y pensera en rentrant, elle sera fière d’elle. Elle aime bien que ses projets aboutissent. Dans le tram qu’elle ne paiera pas, elle regardera le vide en pensant aux conversations difficiles qu’elle devra avoir avec les gens de chez elle. C’est dur, de toujours care, de toujours faire attention, de toujours vouloir tout réparer. Surtout dans un monde cassé. Elle rentrera à La Chatière, retrouver un Jack Russel fou et tout chaud, son amie Rouge, qu’elle regardera partir sans devoir pleurer. Elle passera un bout de soirée avec Thémis à chercher une solution pour court-circuiter Yves Chikhani Huissier de Justice, qui essaie de les arnaquer. Lou essaie de ne pas finir à la rue avec ses 20 co-habitant-e-s. Ensuite, elle discutera sûrement scène ouverte, il faut choisir la décoration.
Le lendemain, on la retrouvera dans son ancien lycée privé, à taper la discute avec le CPE, les surveillants, les profs, le directeur. En repartant, elle ira à la préfecture plaider sa cause. Elle croisera sûrement Juliette, avec qui elle évoquera des souvenirs de fac : entre exposés sur Elvire dans Dom Juan et bloquages, manifs, AG. Elles finiront par grignoter ensemble un guacamole maison fait d’avocats de récups en se souvenant des pluies de lacrymos sur leur tête. Ah tiens, d’ailleurs, ils ont encore dû changer la formule, parce que la nouvelle recommence à piquer les yeux. Même à elles.
Et puis dans sa chambre, elle retrouvera son amour aux bras chauds, elles regarderont Harley Quinn en commentant. Elle n’oubliera pas, bien sûr, de lire le dernier Philippe Delerm et de vérifier quand est-ce qu’arrivera son prochain livre audio à corriger.
Banal, somme toute. Allez, suivons Lou, avant de la perdre de vue, qu’elle s’échappe pour aller courir dans des collines Pyrénéennes.