
Consigne : donne un mot de question à ta voisine de gauche et un adjectif ou un adverbe de localisation à ta voisine de droite. Écris un échange de lettres d’été avec les mots que tu as reçu.
Quand l’été ?
Quand l’été ? Dis-moi, c’est quand l’été ? C’est quand ta peau bronzée près de la mienne, au bord de l’eau ? Dans l’empressement je ne t’ai même pas dit bonjour !
Ma chère Aya,
J’espère que tu vas bien et tout ça. Tu me diras s’il te plait comment va ton chat. Mais surtout je t’en prie, dis-moi : quand l’été ? Cela fait des années. Des verres en coup de vent dans l’hiver. Des lettres pour écrire les mots qui ne se disent pas, des appels pour les fous rires. Oui. Mais quand l’été pour les silences partagés, pour tresser tes cheveux mouillés, pour partager ta vie à nouveau ? Des années à se promettre que le temps viendra, au milieu d’un temps qui ne passe pas, des nuages épais et bas, les pulls, le froid. Alors quand l’été ? Quand passera-t-on de la promesse de ce qui sera aux souvenirs de ce qui a été ? Quand l’été pour pouvoir tous les jours te prendre par le bras ? T’amener danser, t’écouter penser ? S’il te plait, je t’en prie, dis-moi, quand l’été ? Les saisons se ressemblent alors je ne sais pas. Enfouie sous mon plaid, je pense à toi. Il y a un mois ou peut-être trois, j’ai lu ce livre, j’espère que tu le liras. Dans ce colis tu trouveras aussi, et s’il te plait, commence par le livre, cette fois, la petite critique que j’ai rédigée pendant cette lecture. On en parlera j’espère l’été. Tout est si loin déjà : le livre, l’été, ce qui sera.
J’attendrai patiemment, promis, ta réponse : quand l’été ? Quoi qu’il en soit, je serai là.
À l’été qui sera,
Aux souvenirs qui auront été,
À toi, toujours,
Zoé.
L’été sirupeux
Ma très très chère Zoé,
Je reçois dans ta lettre tout l’empressement que tu ressens. J’y lis la frustration de l’empêchement, la tristesse de l’attente, le besoin de changer de temps. Je te réponds immédiatement : deux tout petits mois avant trois longs mois de toi et moi.
Mon chat va beaucoup mieux, il t’écrit cette lettre avec moi et te dit « mia mrrr miaou », enfin je crois. Pour moi tout va bien, tu sais, le temps coule et me file entre les mains. Il passe presque sans moi, je suis une feuille emportée de-ci, de-là, par le vent des mois. La vie me passe sans trop d’émoi. J’ai hâte moi aussi de l’été pour retrouver mes émotions auprès de toi. Ma Zoé, la vie m’est le plus souvent liquide et fuyante, mais je sais que cet été sera sirupeux. Il s’écoulera doucement, sucré entre nous, savouré par chacune. J’ai moins d’agitation parce que, comme toujours, plus de confiance en l’avenir que toi. Quand l’été ? C’est une question que je ne me pose pas. Je sais que cet été sera. J’ai bien plus peur du temps où il aura été. Mais alors je me rappelle : sirupeux, doux, savoureux. Il ne passera pas sans moi. Et il laissera sur moi la marque brillante de toi. Me voilà plus patiente que toi ! Peut-être cette fois réussirai-je à lire ce livre avant tes mots à toi.
Tu me demandes quand avec inquiétude, je te réponds : pense sirupeux, le temps est long mais s’écoule jusque là.
À l’été qui sera doux,
Aux souvenirs d’été sucré,
À toi, toujours,
Aya.